Pertes en bourse : combien de personnes ont été touchées ?

12 576 000. C’est le nombre de comptes-titres qui ont affiché des pertes en France lors du krach de mars 2020, selon l’AMF. À mesure que les particuliers deviennent un pilier des marchés actions, presque 30 % des intervenants,, les secousses de la Bourse ne frappent plus un cercle restreint d’initiés : elles traversent désormais des pans entiers de la population, touchant aussi bien l’épargnant occasionnel que le passionné de trading.

À chaque épisode de turbulence, les capitaux bougent en masse et renforcent la portée des baisses. Les placements collectifs, tout comme les portefeuilles individuels, subissent de plein fouet cette volatilité. Derrière les courbes saccadées des indices, ce sont des choix réels qui s’imposent : ajuster l’allocation, revoir ses stratégies de protection, parfois encaisser des pertes concrètes. La Bourse ne pardonne pas l’impréparation.

Comprendre l’ampleur des pertes lors des grands krachs boursiers

Quand les marchés dévissent, la sanction tombe sans appel. Les grands krachs boursiers, loin d’être de simples épisodes passagers, laissent des traces durables : des milliards d’euros s’évaporent en un clin d’œil. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. La tempête de 2008 a englouti plus de 30 000 milliards de dollars à l’échelle mondiale. En 1929, le Dow Jones s’est effondré, divisé pratiquement par quatre en trois ans, une chute qui a figé toute une génération d’investisseurs.

À chaque crise, le scénario s’enclenche : la panique gagne les places boursières, les ordres de vente affluent, les positions sont liquidées à la hâte. Les fonds de pension, les assureurs, mais aussi une armée de particuliers voient leur patrimoine amputé. La bulle internet, elle, a laissé un Nasdaq exsangue : entre 2000 et 2002, l’indice a perdu plus des trois quarts de sa valeur. Personne n’est vraiment à l’abri, du géant institutionnel au petit porteur.

Voici quelques exemples marquants tirés de ces épisodes :

  • 2008 : les actions européennes reculent de plus de 45 % sur une année.
  • 2020 : en moins de trente jours, le S&P 500 abandonne 30 % face à la vague covid-19.
  • 2018 : l’annonce de mesures protectionnistes par Donald Trump déclenche une baisse de plus de 10 % sur les marchés américains.

Les raisons varient : crise de liquidité soudaine, éclatement d’une bulle, tensions géopolitiques, politiques de repli. Mais l’issue reste la même : la valeur des titres s’effondre, les pertes s’accumulent, et les plus fragiles paient le prix fort. Wall Street, la place de Paris ou Francfort deviennent alors les thermomètres d’un climat de défiance généralisé envers le système financier.

Qui sont les personnes les plus touchées par la chute des marchés ?

Lorsque les marchés dérapent, tout le monde ressent le contrecoup, mais certains encaissent plus directement le choc. Les investisseurs particuliers, en première ligne, subissent souvent la correction de plein fouet. L’Autorité des marchés financiers estime qu’en France, près de 3 millions de personnes détiennent des actions en direct. À chaque crise, des sommes parfois accumulées sur plusieurs décennies s’amenuisent en quelques jours. Les assurances vie, soutenues par des fonds en unités de compte exposés à la Bourse, amplifient encore l’impact : début 2020, la valorisation de ces supports a chuté de plus de 10 % en quelques semaines.

Mais la spirale ne s’arrête pas là. Les fonds d’investissement encaissent également des dépréciations massives. Les banques, dont les portefeuilles sont liés aux marchés actions ou obligations, voient leur solidité fragilisée. Certains fonds monétaires ou ETF, pris dans la tourmente, suspendent même les transactions, accentuant la défiance. Côté traders professionnels, le levier peut transformer une mauvaise séance en plusieurs années de gains évaporés.

L’impact s’étend aussi à une majorité d’épargnants indirects. Beaucoup de Français possèdent une assurance vie ou un livret, sans toujours mesurer leur exposition réelle aux marchés boursiers. Quand les indices dévissent, la rémunération de ces placements s’affaiblit, ce qui érode la confiance. Les salariés, dont l’épargne entreprise ou les plans retraite sont investis en actions, ne sont pas épargnés non plus. Au final, ce sont des millions de personnes, parfois sans le savoir, qui subissent les répliques d’une chute des marchés.

Des conséquences concrètes sur l’économie et l’épargne des particuliers

Les pertes boursières ne restent jamais cantonnées aux graphiques. Pour l’épargnant, c’est la découverte brutale de la vulnérabilité de son capital. Les années récentes l’ont montré : la volatilité a mis à mal de nombreux portefeuilles. L’assurance vie en unités de compte, longtemps présentée comme un moteur de l’épargne des ménages français, a reculé lors de chaque grande crise, en 2008, en 2020, et plus récemment sous la pression des incertitudes géopolitiques ou de la remontée des taux. Ce qui en résulte ? Des arbitrages précipités, des rachats à perte, souvent décidés sous le coup de l’urgence.

Ce mouvement ne s’arrête pas à la sphère privée. Les banques, confrontées à la dépréciation soudaine de leurs actifs, voient leurs résultats sous tension et sont obligées de provisionner davantage. Les secteurs exposés à la Bourse, technologie, automobile, luxe, en subissent les conséquences : licenciements, investissements gelés, ralentissement de l’activité. L’effet de ricochet atteint rapidement l’économie réelle, impactant à son tour l’épargne et le moral des ménages.

Dans ce contexte, beaucoup cherchent à sécuriser ce qui peut l’être. Plusieurs options sont souvent privilégiées :

  • l’or
  • les obligations d’État
  • le franc suisse
  • le dollar

La quête de stabilité s’intensifie, les produits jugés risqués perdent leur attrait. Les livrets et fonds en euros regagnent du terrain, même si leur rendement reste limité, souvent grignoté par l’inflation. Pour l’épargnant, l’équation devient complexe : faut-il tout sécuriser quitte à sacrifier la performance, ou miser sur un rebond qui tarde à venir ?

Groupe de jeunes devant une banque en ville

Stratégies accessibles pour mieux protéger son patrimoine face aux crises

La diversification s’impose comme une règle de prudence. Répartir son épargne entre actions, obligations, liquidités et actifs réels permet d’atténuer le choc quand un segment du marché décroche. À chaque crise majeure, la même leçon revient : ceux qui avaient misé sur un seul type d’actif ont vu leurs pertes s’envoler, tandis que les portefeuilles diversifiés ont mieux résisté.

Les fonds labellisés ISR, Greenfin ou Finansol connaissent un regain d’intérêt. Ces placements conjuguent performance et impact, tout en limitant les risques liés à la volatilité de certains secteurs. Sur l’assurance vie, il reste judicieux d’associer fonds euros sécurisés et unités de compte, afin de lisser les à-coups, même si la part garantie diminue chaque année.

Pour les investisseurs souhaitant rester actifs, il vaut mieux choisir des brokers régulés et veiller à appliquer les principes élémentaires du money management. Fixer des seuils de perte via des stops garantis limite les ventes précipitées lors d’un nouveau krach. La discipline fait la différence : éviter de surcharger une position, maintenir le cap fixé et ne pas céder à la panique sont autant de réflexes à cultiver.

Enfin, la gestion de son patrimoine ne dépend pas seulement de la technique. La psychologie joue un rôle décisif. Les marchés testent la capacité à garder son sang-froid et à ne pas suivre les emballements collectifs. Préserver la cohérence de sa stratégie, parfois au prix de gains immédiats, c’est se donner une chance de traverser les tempêtes sans tout perdre.

La prochaine vague de volatilité n’attend pas l’épargnant averti. Rester lucide, c’est refuser de subir, et donner à son patrimoine une chance de durer, quels que soient les soubresauts des marchés.