Un fait brut s’impose : à Bordeaux, les écarts de salaire entre cadres et non-cadres prennent de l’ampleur, alors même que la rémunération globale continue de grimper en 2025. Dans certains secteurs, les hausses dépassent 7 %. D’autres, au contraire, voient leurs grilles bloquées ou même reculer, rattrapés par la concurrence internationale et la montée de l’automatisation.
Les métiers de la tech et de la santé connaissent des augmentations jamais vues, stimulées par une demande locale forte et l’arrivée de grands groupes. Les fonctions commerciales et juridiques bénéficient aussi de revalorisations, plus timides mais toujours supérieures à la moyenne régionale. Pourtant, l’expérience et la spécialisation creusent toujours le fossé, redistribuant silencieusement les cartes du paysage salarial en Gironde.
Panorama des salaires à Bordeaux en 2025 : quelles évolutions attendre ?
Le salaire moyen à Bordeaux poursuit sa progression, même si la capitale girondine n’atteint pas le rythme effréné de Paris ou Lyon. D’après les chiffres de l’Insee, la moyenne dans le secteur privé oscille autour de 2 350 euros nets par mois, une légère amélioration sur un an. Pourtant, Bordeaux reste en retrait par rapport à la moyenne nationale, qui frôle désormais les 2 400 euros. Si l’on s’intéresse au salaire médian, bien plus révélateur du terrain,, il plafonne toujours sous les 2 100 euros nets. L’écart ne se comble pas, la répartition reste inégalitaire.
Statut et secteur pèsent lourd dans la balance. Les cadres et profils hautement qualifiés continuent de tirer leur épingle du jeu, avec une moyenne brute dépassant les 4 000 euros. C’est la montée en puissance des services numériques et du conseil qui dope ces rémunérations. À l’inverse, le secteur public se distingue par sa stabilité : une hausse d’environ 2 % seulement, loin de la volatilité qui agite la tech ou la finance. Les professions intermédiaires et ouvrières, elles, voient leur progression s’enliser : le salaire moyen se fige à 1 700 euros nets.
| Statut | Salaire moyen (euros nets mensuels) |
|---|---|
| Cadre | 4 100 |
| Employé secteur privé | 2 350 |
| Ouvrier | 1 700 |
La hausse du salaire moyen profite d’abord aux métiers en tension. Les secteurs de la tech, de la santé et des fonctions supports affichent des progressions notables, portés par l’embauche de profils qualifiés et une forte concurrence sur les recrutements. Bordeaux, même si certains postes traditionnels restent sous la faible moyenne, montre sa capacité à attirer des experts, au cœur d’une dynamique salariale sélective.
Quels sont les métiers les mieux rémunérés en France et en Gironde cette année ?
Les chiffres le confirment : les métiers de la finance et les profils d’expertise conservent leur avance sur le front des meilleures rémunérations en 2025. Que ce soit à Bordeaux ou ailleurs, le podium reste occupé par les postes à haute valeur ajoutée, dont la demande ne faiblit pas face à la rareté des compétences.
Voici les fonctions qui dominent encore le classement cette année :
- Responsable administratif et financier : il demeure incontournable dans les banques, les assurances ou les grandes entreprises, avec un salaire annuel brut qui dépasse les 70 000 euros. Sur la métropole bordelaise, la croissance du secteur tertiaire entretient une demande solide pour ce type de profils.
- Directeur des ressources humaines (DRH) : la fonction RH prend de l’ampleur et les DRH expérimentés dans la région bordelaise s’approchent régulièrement des 60 000 euros annuels. Ce niveau rejoint la moyenne du secteur sur le plan national.
- Ingénieur informatique senior : la French Tech bordelaise offre aux experts entre 50 000 et 65 000 euros bruts par an. Le numérique continue d’absorber une grande part des offres à forte rémunération.
Le secteur de la santé n’est pas en reste : médecins spécialistes et pharmaciens bénéficient de salaires élevés, largement supérieurs au salaire moyen régional. Les cadres commerciaux et spécialistes du développement business complètent cette liste. Leur aptitude à générer du chiffre d’affaires leur garantit variables et primes, ce qui les maintient parmi les métiers les mieux payés en 2025, en France comme en Gironde.
La nouvelle hiérarchie des salaires : vers une fracture durable ?
Les écarts de rémunération à Bordeaux ne se résorbent pas, malgré la hausse générale. Les jeunes diplômés de la tech, fraîchement recrutés dans les grands groupes, démarrent avec des salaires qui font pâlir d’envie d’autres secteurs. À l’opposé, certains métiers de la logistique ou du commerce de détail stagnent, voire reculent en net, sous la pression de l’automatisation et de la concurrence sur les coûts.
Plusieurs facteurs expliquent ce paysage contrasté :
- Spécialisation et expérience : les profils dotés d’une expertise pointue ou d’une longue expérience négocient des salaires nettement supérieurs à la moyenne.
- Mobilité et attractivité de la région : Bordeaux attire désormais des talents venus d’autres métropoles, dopant la concurrence sur les postes qualifiés.
- Transformation numérique : l’essor de la tech et des métiers du digital crée une demande soutenue, avec des salaires à la hauteur de la tension sur le recrutement.
Le résultat : une hiérarchie des salaires qui se redessine, tirée vers le haut par quelques secteurs phares, tandis que d’autres peinent à suivre le rythme.
Bordeaux, laboratoire des nouvelles dynamiques salariales
Bordeaux incarne à sa façon les paradoxes du marché de l’emploi français. D’un côté, une métropole qui attire les diplômés, les investisseurs, les grands groupes de la tech et de la santé. De l’autre, un tissu de métiers historiques qui cherchent à survivre, confrontés à la course aux coûts et à l’automatisation.
Le dynamisme de la ville s’illustre à travers ses pôles d’excellence. La French Tech, le secteur de la santé, l’immobilier et la finance s’imposent comme moteurs de croissance. À l’inverse, la logistique, le transport ou l’industrie peinent à maintenir leurs niveaux de rémunération, malgré une forte demande de main-d’œuvre.
Un exemple marquant : l’ouverture récente d’un campus d’une grande entreprise numérique à Bordeaux a généré une vague de recrutements, avec des salaires d’entrée supérieurs de 15 % à la moyenne régionale. Cela a eu un effet d’entraînement sur l’ensemble du secteur local, mais aussi accentué la concurrence pour les profils les plus recherchés.
Salaires à Bordeaux en 2025 : quelles perspectives ?
Aujourd’hui, la ville fait figure de laboratoire : elle expérimente, tâtonne, cherche l’équilibre entre croissance et équité. Les évolutions salariales de 2025 tracent un avenir où la spécialisation, la mobilité et la capacité d’adaptation compteront plus que jamais.
Certains métiers continueront de tirer leur épingle du jeu, portés par la demande et la rareté des compétences. D’autres devront composer avec la stagnation, la pression sur les coûts ou la transformation de leur modèle économique.
À Bordeaux, le marché du travail s’invente chaque jour. Les écarts de salaires racontent une histoire, celle d’une métropole qui avance, accélère, mais n’oublie pas que l’équilibre reste fragile. Jusqu’où la courbe grimpera-t-elle, et qui en profitera vraiment ?

